Cet article est proposé en collaboration avec Valérie de Minvielle, psychologue clinicienne et fondatrice de Ma Juste Place.
S’épargner les pertes de temps de transport pour aller au bureau, aller chercher tranquillement ses enfants chaque soir à l’école, ne plus renverser tout son monde dès qu’un enfant est malade, pouvoir travailler en chaussettes si on a envie : travailler chez soi fait rêver.
Beaucoup des femmes que j’accompagne y voient aussi une façon privilégiée d’alléger la charge mentale qui repose en grande partie sur elles.
Mais si travailler chez soi peut être une chance, c’est aussi un choix qui peut vite virer au piège :
– Le piège des temps de travail interrompus par la vie de famille :
Claire me contacte : « Je suis designer et travaille de chez moi, et j’ai souvent tendance à me laisser déborder par les urgences de la maison. Je suis secrétaire générale de la maison depuis que je travaille à la maison et ça devient problématique. J’ai besoin de me réorganiser, de cibler sur mon travail ».
– Le piège des moments de famille interrompus par le boulot :
Sandrine tient à aller chercher ses enfants à l’école tous les soirs. Mais elle est à l’affut des clients et ne peut s’empêcher de répondre dans l’heure qui suit : « si un client m’appelle alors que mon fils est dans son bain, je réponds. Je me dis toujours que j’en ai pour deux minutes et puis finalement je crie sur mes enfants et ne profite pas des moments avec eux. Je me sens en permanence tiraillée entre les deux : ma famille et mon boulot, et suis frustrée sur les deux plans. »
Certaines ont besoin de cloisonner complètement vie de famille et vie pro. D’autres apprécient d’aller se mettre en mouvement quitte à défaire la machine à laver, pour penser différemment au problème pro sur lequel elles buttent.
Il n’y a pas de règles fixes. Ce que je recommande concerne plutôt l’état d’esprit. Pour moi, le secret pour faire du travail chez soi une réussite réside dans la capacité à dire de vrais « oui » et des « non » assumés.
Oui à quoi ? Non à qui ?
D’abord, apprendre à dire « non » aux autres.
Pour ceux qui travaillent dans un bureau, ou chez leurs clients, la maison reste le lieu de la famille, un lieu de repos, de loisir. Pas un VRAI lieu de travail. Ils vont alors vous solliciter en pensant que, puisque vous êtes chez vous, sans réunion ni patron, vous avez du temps.
Une de vos amies, que vous n’avez pas vue depuis longtemps, et qui ce jour-là est de passage dans votre quartier, va s’étonner que vous n’ayez pas une demi-heure pour boire un café avec elle à 14 heures.
Votre voisine va, sans hésiter, vous demander de la dépanner : « Je sais que tu es là, je suis désolée mais j’ai un impératif de boulot, tu peux me garder ma fille une heure ? »
Savoir dire non à ces demandes-là est souvent difficile, pour les clientes que je reçois : « Oui mais c’est tentant un café, et puis c’est vrai que je peux faire le boulot à un autre moment, je m’organise comme je veux, moi ». C’est vrai.
Mais ce n’est pas la question. A accepter ces demandes, non seulement vous morcelez votre emploi du temps, piétinez votre efficacité, mais en plus vous risquez d’altérer votre propre estime de votre travail.
Comment faire ?
Dire « non » s’apprend. Dans un premier temps, je vous engage à faire le tri des demandes que vous jugez recevables (réceptionner un paquet de la poste pour votre mari une fois par semaine ? déjeuner avec une copine une fois par semaine…) et de celles qui ne le sont pas (dépanner une copine plus d’une fois par semaine, s’interrompre pour ouvrir la porte en pleine journée).
Une fois ces choix établis, faites-le savoir : En annonçant vos horaires de travail, en choisissant un jour de la semaine pour déjeuner avec un ami, en compartimentant votre temps et en annonçant haut et fort votre planning.
Apprendre à se dire « oui » à soi
C’est le corollaire de la capacité à dire « non » aux demandes intempestives : se dire « oui » à soi.
Se dire « oui », c’est dire : « Je travaille de chez moi et c’est important pour moi. Ce n’est pas un loisir ni une sous-activité, c’est mon travail ».
Il n’y a pas de règles. Se dire « oui », c’est oser se constituer un emploi du temps structuré. Se dire « oui », c’est se créer un espace dédié dans la maison, un petit (ou grand) bureau rien qu’à vous. Ecouter ses besoins, ses envies, son rythme personnel. Vous êtes coincée sur un problème que vous n’arrivez pas à résoudre ? Pourquoi pas aller faire un tour de pâté de maison en marchant, pour vous libérer l’esprit ? Ou, si la solitude vous pèse, décider d’aller une matinée par semaine travailler depuis un espace de co-working.
Faire du travail chez soi une chance nécessite de toujours revenir à soi.
Si je connais bien mon fonctionnement, si je sais les domaines de mon travail où j’excelle, ceux que j’aimerais déléguer, les moments et les lieux qui favorisent ma concentration, alors je peux oser sortir des références du monde de l’entreprise comme je l’ai connue pour oser créer de toutes pièces une organisation qui serve ma vie professionnelle ET mon épanouissement.
Cela dépend surtout de chacune d’entre nous, et ça commence maintenant !
Article proposé par : Valérie de Minvielle est psychologue clinicienne. Après 20 ans d’expérience en psychologie clinique et art-thérapie, elle a fondé « ma juste place », une méthode d’accompagnement personnalisé pour les femmes qui veulent trouver leur équilibre et se sentir à leur juste place dans leur vie de couple, en tant que mère, et dans leur vie professionnelle et sociale. La joindre sur majusteplace.com
Valérie a été accompagné au sein du programme Up’Level for Good afin de structurer le déploiement de son activité. A cette occasion, Solène en a appris plus sur son approche inspirante, et lui a proposé de devenir contributrice pour le blog de Creators for Good !
Solène est la Chief Empowerment Officer de Creators for Good.
Elle a développé une méthode qui permet aux Citoyen.ne.s du Monde de lancer et faire grandir leur propre activité porteuse de sens depuis n’importe où sur la planète – et sans avoir besoin d’investisseurs ou de support gouvernemental. En savoir plus !
Effectivement la liberté a besoin d’un cadre pour se développer. Et la première personne à qui j’ai du apprendre à dire « non » ça a été à moi. Déterminer des horaires clairs, séparer le personnel du professionnel,… Et une fois qu’on est au clair avec soi on peut le communiquer à son entourage afin que nos temps et espaces de travail soient respectés et considérés de la même manière qu’un « travail classique » en entreprise.
Mais de ce que j’ai pu observer, pour certaines, le fait de ne pas faire respecter leur cadre est en lien direct avec l’image qu’elles ont de leur activité et leurs croyances limitantes. Cela les empêche de croire pleinement en elles et de voir leur activité comme un « vrai travail ».